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Blues, boogie, swing, etc.
La clarté de la note et la vivacité du rythme donnent des
sonorités d’une légèreté de ballerine mais avec un air
canaille. Ça pétille et c’est excitant ! François
Fournet raconte...
Blues Again : Comment est né Blues de
Paris ? François Fournet :
Courant 2004 nous avons commencé à nous rencontrer
régulièrement Christian Ponard et moi après avoir découvert notre passion
commune pour le blues. Lors de ces ateliers guitare nous avons
mis au point une manière de jouer des blues à l'origine
chantés et de les transformer en instrumentaux. L'idée de
faire un disque s'est imposée peu à peu. Début 2005 j'ai
commencé à organiser des séances d'enregistrement dans un
petit studio à Antony qui m'avait été recommandé pour son
atmosphère très cool et ses prix raisonnables... A ces
séances Simon « shuffle » Boyer tenait la batterie
et plusieurs bassistes ont défilé (Sébastien Girardeau,
Gilles Chevaucherie et Bernard Brimeur) avant qu'Enzo Mucci
s'empare définitivement du poste. On peut
dire que Blues de Paris est né lors de ces premières séances
où l'on a pu constater que la formule fonctionnait à
merveille. Le nom du groupe a été choisi pour bien indiquer
que nous ne jouons pas de Chicago Blues, de Delta Blues ou je
ne sais quel blues d'appellation contrôlée... mais un savant
mélange à la parisienne !
Présentation des
musiciens... Christian Ponard
vient du jazz classique. Il joue de la guitare, du
cornet, du banjo et il chante d'une belle voix. Il a roulé sa
bosse depuis les années 70 quand il a commencé dans le
métier. Simon
« shuffle » Boyer, bien connu
dans le petit monde du blues, c'est le batteur qu'on
s'arrache ! Toujours élégant, souriant, à l'écoute,
efficace... le rêve ! Enzo
Mucci, contrebassiste « slappeur » réputé
dans le milieu du boogie woogie (il a joué avec Memphis Slim
entre autres...), c'est aussi un fin guitariste et
banjoïste. Claude Braud,
depuis 2013 il s'est intégré naturellement au groupe en
apportant la chaude sonorité de son saxo. C'est un vrai
bluesman ! François Fournet
guitariste leader, j'ai également pas mal roulé ma
bosse depuis mes débuts dans les années 60.... Nouvelle
Orléans, swing, boogie woogie, pop, rock, etc. Avec le Blues
de Paris je reviens à mes premières amours : le blues en
toute simplicité. Gabi Schneider
chanteuse... elle ne fait pas, a proprement parlé,
partie du groupe mais elle est souvent présente aux concerts
et, si on lui demande gentiment, elle chante de vieux blues
d'une voix émouvante.
Quels musiciens font l'unanimité entre
vous ? Nous adorons
John Lee Hooker, Freddy King, Big Bill Bronzy, Lightning
Hopkins, Ray Charles, Chuck Berry, Bo
Diddley…
Pourquoi se
contenter de versions instrumentales ?
Le blues instrumental est passé de mode ces
derniers temps et c'est bien dommage...
J'ai la nostalgie des années 50 et 60 où il y avait une
production instrumentale très intéressante qui avait beaucoup
de succès (Booker T and the MG's, Bill Doggett, Freddy King,
Bill Black Combo, King Curtis, The Shadows, The
Ventures...) On joue des formats courts,
le format chanson de 3 minutes environ qui vient à l'origine
des contraintes techniques du 78 tours. C'est un format idéal
car il oblige à être concis. On peut tout dire en 3 minutes.
Il y a un grand nombre de chefs-d’œuvre qui existent dans ce
format. Faire barbant sur cette durée frise
l'exploit...
Pour toi qui sont les maitres
absolus... J'ai écouté pas mal
de bons guitaristes dans ma vie, mais il y en a quatre que je
place au-dessus de tous : Django Reinhardt pour son
lyrisme inspiré et sa tranquille autorité, Charlie Christian
pour son phrasé décalé et son swing dévastateur, Wes
Montgomery pour sa musicalité naturelle et l'aisance de sa
mise en place et enfin Jimi Hendrix pour avoir mis le feu à
sa guitare à une époque où l'on attendait que ça ! En
dehors de ces quatre « martiens » j'aime beaucoup
Grant Green, Kenny Burrell, Jimmy Raney, John Lee Hooker,
Lightning Hopkins, Otis Rush, BB King, Freddy King, Keith
Richard, J.J Cale. Tous ces supers musiciens ont nourri mon
jeu de guitare.
Quand a eu lieu votre premier
concert ? Notre premier
concert a eu lieu au printemps 2006 au restaurant Les Matins
Bleus à Boulogne Billancourt. Lors de notre passage au
Mont Dore pour le festival Sancy Snow Jazz en
février 2007 nous avons cassé la baraque au Petit
Paris chez Mimi. Les gens ne voulaient plus nous laisser
partir. Marie Christine Dubourg, la présidente du festival
était tellement contente que dans la foulée elle a créé un
nouveau festival en septembre au Mont Dore autour du
blues : le Volcanic Blues Festival qui vient de
finir sa 8ème édition. Faire de la scène, surtout dans les
festivals permet d'écouter, de découvrir et de rencontrer
d'autres musiciens. C'est très enrichissant. Au Mont Dore
j'ai pu découvrir et apprécier entre autres : Julien
Brunetaud, Matthieu Fromont (Bo Weavil), Anthony Stelmaszack,
Thibaut Chopin, Stan Noubard Pacha ...
Combien de CDs à votre actif ?
Il y a d'abord eu le disque Blues de
Paris enregistré en direct lors de 5 séances au
studio « Tout pour la Musique » à
Antony par François Daniel entre février 2005 et
février 2006. Sur les 14 titres de l'album il y a 6
compositions originales et 7 adaptations de morceaux de John
Lee Hooker, Big Bill Broonzy, Ray Charles, Freddy King et un
traditionnel arrangé ‘Mama Don't’. En 2012
est paru Move It ! 14 titres dont 10
originaux. Ce disque a été enregistré en deux après-midis
toujours à Antony. C'est essentiellement instrumental mais le
band est rejoint par Gabi Schneider qui vient chanter de
belle manière trois classiques ‘Barrelhouse Blues’,
‘Just Because’ et ‘Blues Oh Blues’. Pour sa
part Christian interprète ‘You Gotta Move’ et
‘Sliding Boogie’. Ce CD a été primé au Hot Club de
France dans la catégorie « meilleure petite
formation ».
Des projets, des hobbies, des rêves
… Faire de beaux concerts c'est pas le plus beau
des projets ? Mon hobby préféré c'est de me balader
au hasard dans Paris, nez en l'air et cigarillo, en éternel
badaud … On a passé l'âge de rêver, la réalité est
passionnante, je dirai même que la réalité dépasse
l'affliction … Au fait, pour ceux que ça intéresserait, je
joue sur la « Slim Jim » une Guild T100 de
1960.
Premier blues ou rock qui t'a
marqué ? Je me revoie
encore comme si c'était hier grimper l'escalier qui menait à
la chambre de mon copain dans un pavillon voisin à Châtillon
en ce printemps de 1958, j'avais 10 ans, sur un Teppaz
tournait un 45 tours et j'entendais pour la première fois
Elvis chanter ‘Heartbreak Hotel’. Je reçu ce jour-là
un véritable électrochoc, j'en ai encore des
frissons !
Dernier coups de cœur musicaux ?
Stan Noubard Pacha qui
habite à 300 mètres de chez moi est longtemps resté un inconnu
pour moi jusqu'au jour où je l'ai entendu au Méridien prendre
un chorus sur un blues lent derrière Vincent Bucher. Il m'a
foutu le frisson le bougre ! Je suis devenu un fan et on
a même fait un disque instrumental ensemble pour qu'enfin son
talent soit en première ligne. Avec
Julien Brunetaud que j'avais entendu à la Huchette où j'avais
pu apprécier son swing intense, son feeling profond et son
drive ravageur on s'est croisé au Volcanic Blues
Festival en 2010. La programmation avait prévu un duo
avec lui et moi, ce fut un plaisir intense de jouer avec ce
garçon. Le swingomètre a été bloqué dans le rouge pendant une
heure. C'est un grand !
Pour le band, quel serait le rêve le plus
fou ? Comme j'ai dit plus
haut les rêves c'est plus trop mon truc... Rester ensemble et
jouer régulièrement en groovant avec un chouette son devant
une assemblée de bons danseurs ça serait déjà le panard... Si
en plus on fait des disques qui mettent la banane à tout le
monde, ça serait le paradis ! C'est pas trop
compliqué comme rêve.
Gilles Blampain - décembre 2014
http://www.bluesdeparis.fr.ou/
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